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Chroniques du plateau

5 décembre 2007

Discours pour les voeux 2007 du SIVOM

            Mesdames, Messieurs,


Le Président du Département a déclaré récemment que les cérémonies des vœux correspondaient à une identité bien française et républicaine. Plus prosaïquement, je pense que ce type de réunion, au demeurant bien sympathique, possède un caractère relativement convenu et stéréotypé.

Ceux qui attendent une réalisation espèrent qu’elle sera annoncée. Ceux qui n’attendent rien écoutent ce que d’autres obtiendront. Ceux qui sont impatients cherchent dans les discours ce qui peut nourrir ou calmer leur fringale. Quant aux décideurs, ils tentent de ne décevoir personne.

Pour sacrifier à la mode de la «chinattitude», on semble souvent appliquer  une maxime de cet empire : «Une promesse est un fruit vert. La différence c’est que le fruit mûrit et tombe, alors que la promesse tombe souvent avant de mûrir». Je ne suis pas certain que cette pensée de Confucius très sollicité en cette période préélectorale soit très reprise par les candidats …

Aussi, comme les années précédentes, n’ai-je pas l’intention de sombrer dans les effets d’annonce séduisants ou les analyses de bilan rassurantes mais d’apporter ma modeste contribution à cette soirée conviviale en vous racontant une histoire.

Cette idée m’est venue en revisitant pendant la récente trêve des confiseurs un certain Rabelais, auteur de l’identité et de l’exception françaises s’il en est et rendu célèbre non seulement par les festins gargantuesques de circonstance en cette fin d’année mais aussi par la philosophie du bon sens qui se dégage souvent de l’usage de la bonne chère.

Je ne peux par gourmandise narrative m’empêcher de vous rappeler un épisode instructif qui a inspiré mon propos liminaire.

Un rôtisseur ayant boutique dans une petite ville bourgeoise se plaignait de la présence fréquente d’un importun stationné devant son étal où grillaient des pièces de viande et des volailles qui répandaient une appétissante odeur portée par une fumée qui envahissait la rue.

En aumône, le vagabond recevait des passants quelques quignons de pain qu’il s’empressait d’ouvrir pour les présenter devant la broche brûlante dans l’espoir d’y emprisonner un peu de fumée qui donnerait du goût à son croûton.

Le commerçant le chassait souvent, mais le mendiant revenait sans cesse s’approvisionner en fumée. On fit appel à la justice. Vous imaginez bien que comme aujourd’hui, le magistrat à la blanche hermine se déclara tout de go incompétent car le délit ne figurait pas dans les textes de lois. On n’avait en l’espèce encore jamais qualifié un vol de fumée …

Le Maire était bien embarrassé car il s’agissait d’un cas évident de trouble à l’ordre public. Les habitants étaient partagés : des bourgeois soutenaient le rôtisseur et des manants prenaient parti pour le vagabond. On en vint même aux mains.

Le bourgmestre  pensa pouvoir régler seul le dilemme. Il consulta l’un, raisonna l’autre. Menaça de fermeture, parla de prison. Sans succès. L’affaire s’envenima et il fallut beaucoup de diplomatie aux adjoints pour convaincre le Maire de faire appel à un sage, dont la réputation de médiateur avait depuis bien longtemps franchi les bornes du village. Le premier magistrat de la commune s’y opposait car on disait aussi ce juge de proximité un peu fou.

Mais les choses s’éternisant, le Maire, à regret, demanda que l’on aille quérir ce personnage singulier.

On lui présenta donc l’histoire. Il l’écouta avec attention puis s’adressa au commerçant :  «Mon bon Sire rôtisseur, votre plainte est justifiée. Je décide que vous soyez indemnisé à la hauteur du préjudice subi !»

Il sortit une pièce d’or rutilante de son gousset et déclara : «Puisque  ce pauvre bougre ne vous vole que l’odeur de votre rôti,  soyez payé avec le seul son de cet écu !»

Il cogna alors la pièce contre le mur de la boutique, la fit tinter aux oreilles du commerçant sans lui donner et la remit illico dans sa poche.

Dès lors, on n’entendit plus parler de cette histoire.

Moralité : Il faut toujours prêter une oreille attentive aux conseils qui nous sont donnés et cela d’où qu’ils viennent car les chemins de traverse qui mènent à la vérité et à la sagesse sont parfois difficiles à tracer.

Sur ce, Bonne et Heureuse Année 2007 à tous et que les promesses qui vous sont faites soient tenues.

                                                                  

                                                                  JYH

                                               Président du SIVOM 

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